POUR UNE MEILLEURE EXPLOITATION TOURISTIQUE DE
L’OPPIDUM D’ENTREMONT À AIX-EN-PROVENCE
(texte de mars
2006, avec quelques précisions et mises à jour postérieures)
1. Intérêt du site
Du point de vue de la science archéologique, l’oppidum d’Entremont est un site majeur pour la protohistoire
du sud de la France et a donné lieu à de très nombreuses
publications. Mais il est également de plus en plus
connu du grand public, en France et à l’étranger.
En effet, les guides touristiques le signalent et
un site Internet du ministère de la Culture
le présente de façon très riche et attrayante :
L’Association Archéologique Entremont publie
un guide à l'usage du visiteur, fréquemment
réédité et mis à jour (voir sur ce site
Internet le chapitre consacré à nos éditions et
ventes).
Pour le public, l’attrait de ce site est double. D’une
part, il peut y visiter des vestiges archéologiques :
remparts, habitations, ateliers... et les traces laissées par le
rituel gaulois des “têtes coupées”.
D’autre part, la promenade dans le parc de verdure et le
magnifique panorama sur la montagne Sainte-Victoire (pratiquement le
même que celui des dernières toiles de Cézanne) en
font un objectif de détente très apprécié.
Plusieurs
lignes de bus urbains permettent d'atteindre l'oppidum ou de s'en
approcher. Mais comme le plan des lignes et les horaires peuvent
changer, nous ne les indiquons pas ici : il vaut mieux consulter
le site http://www.aixenbus.fr/ . Noter que le samedi et le dimanche, la fréquence des bus est très insuffisante. Un parking sommaire d’une capacité
d’environ 25 voitures a été aménagé
à proximité sur un terrain appartenant au Conseil
Général des B-d-R.
Cependant, comme l’entrée est gratuite et non
surveillée, il est impossible de savoir
précisément le nombre de visiteurs. Les gardiens
constatent la présence de plusieurs visiteurs tous les jours et
lors des Journées du Patrimoine en septembre, le nombre de participants aux visites
guidées gratuites se situe autour de 50 à 80.
2. Préambule sur l’aménagement du site
2.1. Un retard fâcheux
Du point de vue de l’aménagement touristique,
l’oppidum d’Entremont a été longtemps
très négligé par son propriétaire,
l’État. Et c’est l’Association Archéologique Entremont qui palliait cette carence, dans la mesure de ses
moyens, en installant par exemple une table d’orientation,
un circuit de visite balisé et en faisant visiter
les fouilles. Ce n’est qu’après 1980 (année du classement
au titre des “monuments historiques”) que des travaux
ont été engagés par l’État, à petits pas.
Depuis cette date, divers organismes et divers spécialistes ont
été successivement chargés par l’État
d’élaborer des projets d’aménagement et ont
fait diverses propositions. Sans résultat majeur. À notre
connaissance, la dernière mission d’évaluation a
été confiée il y a deux ou trois ans (vers 2003) à M.
l’Inspecteur Lequément. Nous ignorons le résultat
de sa mission.
2.2. Nécessité de nouveaux aménagements
Ainsi donc, malgré plusieurs améliorations indiscutables (clôture, débroussaillement, travaux autour de la poterne sud-est...),
la situation reste encore peu satisfaisante. Pourtant la valeur
archéologique et paysagère du site, sa proximité
avec la ville d’Aix en font un potentiel important du tourisme
local et régional ainsi que de la qualité de la vie dans
la commune.
C’est pourquoi l’Association Archéologique Entremont,
qui a acquis depuis près de 40 ans une réelle expérience
sur cette question, propose divers aménagements pour
une meilleure mise en valeur. Certains de ces aménagements
relèvent prioritairement du ministère de la Culture,
mais d’autres peuvent être pris en charge ensemble
par l’État et les collectivités locales ou seulement
par ces dernières.
Voici, dans l’ordre des priorités, les aménagements
principaux que nous demandons et que nous détaillerons
ci-après:
- modification importante de l’accès au site
- restructuration de l’ensemble du site selon la
vocation de ses diverses parties
- création d’un musée celto-ligure
- création d’un parc archéologique annexe à côté
de l’oppidum
3. La question de l’accès au site d’Entremont
3.1. État actuel
Il n’y a qu’un seul accès au site, par
l’avenue Fernand Benoit (route D14), en plein dans
l’échangeur routier entre cette voie et l’autoroute
A51 Marseille-Sisteron, très fréquentée. Pour les
automobilistes, cet accès n’est annoncé et
praticable que pour les véhicules arrivant d’Aix par
l’av. Fernand Benoit ou sortant de l’autoroute en venant du
quartier des Plâtrières. Il est absolument impossible pour
les véhicules venant de Puyricard ou sortant de
l’autoroute en venant de Venelles.
Quant à la sortie du site en voiture, elle ne peut se faire
qu’en tournant vers Puyricard et vers l’autoroute en
direction des Plâtrières. Si l’on veut revenir vers
Aix par l’avenue F. Benoit ou reprendre l’autoroute vers
Venelles, il faut deviner (car ce n’est pas indiqué) que
ce n’est possible qu’en allant d’abord faire
demi-tour sur un giratoire non visible, à 500 mètres en
direction de Puyricard... Il en résulte que les automobilistes
déconcertés improvisent parfois des solutions peu
orthodoxes et risquées pour aller là où ils le
désirent !
De plus, le chemin d’accès au parking de l’oppidum
est très étroit et sinueux : deux voitures ne peuvent
s’y croiser et il est totalement impraticable pour les autocars.
Ces derniers doivent donc s’arrêter au bord de
l’avenue F. Benoit (en 2008, la municipalité a fait aménager un grand espace de stationnement le long de la voie) et laisser descendre leurs passagers
pour qu’ils gagnent à pied l’oppidum.
3.2. Quelles solutions ?
Il est clair que toute solution exige une profonde modification de cet
échangeur routier de toute façon dangereux et source
d’embouteillages. Les associations de quartiers le demandent
depuis longtemps en dénonçant un vrai « point
noir » du réseau routier. La création de
nouvelles bretelles nous semble inévitable. Un
projet en ce sens vient d'être lancé (en 2016) par la
DREAL (administration de l'équipement) mais ses
caractéristiques ne sont pas encore connues.
Mais il faudrait aussi aménager un chemin piétonnier dans
la pinède longeant l’avenue F. Benoit, au pied de
l’oppidum, pour créer une liaison paisible entre
l’entrée de l’oppidum et le chemin de la Marguerite.
Celui-ci a été refait et embelli et la circulation
des véhicules y a été interdite (sauf services et riverains). On
aurait ainsi un bel axe de cheminement depuis l’avenue Paul
Cézanne jusqu’à l’oppidum.
Non seulement ces aménagements
répondraient à des exigences actuelles (circulation des
véhicules et des piétons), mais en plus il prendrait en
compte l’avenir du parc d’Entremont,
c’est-à-dire ses possibles et souhaitables
agrandissements, impliquant l’acquisition de quelques terrains
comme nous le verrons plus loin, § 6.
Tout cela est certes un peu complexe et exige une soigneuse
concertation de toutes les parties intéressées, mais tout
cela est devenu nécessaire si l’on veut faire
d’Entremont un réel atout du tourisme patrimonial pour la ville
d’Aix.
4. Restructuration du site d’Entremont
4.1. État actuel
Un parking gratuit (environ 25 places), sommairement
aménagé et non accessible aux autocars, se trouve
près de l’entrée, sur un terrain
départemental.
Le site lui-même est entièrement clôturé,
mais l’accès est gratuit. Il est ouvert au public tous les
jours (sauf le mardi) de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h (seulement 17 h d'octobre à mars). Voir la rubrique 3.2.Renseignements
pratiques pour les visites) ; il est fermé aussi certains
jours fériés et,
depuis 2012, tous les week-ends d'octobre à mai sauf le 1er
week-end du mois. C'est insuffisant puisque c'est
précisément le week-end que les visiteurs potentiels sont
les plus nombreux.
L’ensemble du parc est surveillé par un gardien
qui peut éventuellement guider les visiteurs. De plus, des
panneaux explicatifs installés par l’Association
Archéologique Entremont (le principal rédigé aussi
en allemand et en anglais) jalonnent le champ de fouilles.
Il n’y a pas de séparation entre la zone
archéologique visitable et la zone de parc de verdure. En
revanche, une clôture isole une zone archéologique
interdite au public (dépôt de fouilles, bureau,
laboratoires, dortoir temporaire des archéologues) qui recouvre une partie importante et
partiellement fouillée du village antique (dans cette zone, les anciennes fouilles ont été recouvertes de sable en 2010 par souci de protection).
Il n’y a aucun bureau d’accueil, aucune salle
d’exposition ou de vente de brochures et pas même de
toilettes ni de prise d’eau potable pour le public.
4.2. Principaux aménagements demandés par l’Association
Archéologique Entremont
Nous pensons tout d’abord qu’il faut séparer deux
zones dans le parc :
- la zone de visite archéologique, clôturée et d’accès
payant;
- la zone de promenade dans la verdure, clôturée
elle aussi mais d’accès gratuit, qui ne demande que
quelques améliorations minimes.
Les bâtiments
modernes qui se trouvent dans la zone archéologique (construits pour l’armée
allemande pendant la 2e guerre mondiale) devraient être
détruits pour permettre la fouille dans cette zone.
Naturellement, cela n’est possible qu’après la
construction de bâtiments de remplacement hors de la zone
archéologique. Voir le § 5 ci-après.
La zone archéologique ainsi réunifiée demande quelques améliorations sur les fouilles elles-mêmes : nous
souhaitons notamment la reconstitution d’une partie du 2e rempart
et d’un ou deux édifices dans le village, avec mise en
situation d’objets et mobiliers, sous forme de copies. Mais il
faut installer un local d’accueil pour la perception des droits
d’entrée, la vente de documentation et la mise à
disposition du public de toilettes et d’un point d’eau
potable.
Par ailleurs, l’ensemble du parc doit être
équipé d’un réseau de bornes d’eau en
cas d’incendie. Un débroussaillement des abords du parc
dans les propriétés privées devrait être
exigé par mesure de sécurité. Il faudrait aussi
que des accords amiables permettent des élagages calculés
dans les propriétés limitrophes pour rétablir
certaines échappées sur le panorama. Nos tentatives en ce
sens n’ont pas abouti.
5. Création d’un musée celto-ligure
5.1. Situation actuelle
Les trouvailles d'Entremont ont toujours été
exposées au musée Granet à Aix. Mais depuis qu'il
a été agrandi et rénové (travaux
achevés en 2006), ce musée est devenu essentiellement un
musée des beaux-arts et le fonds archéologique n'y est
plus accessible. Seul le mobilier d'Entremont - y compris la
célèbre statuaire - y est encore présenté,
mais dans deux salles au lieu de trois avant et de façon actuellement peu satisfaisante. Les antiquités
égyptiennes, grecques, romaines et gallo-romaines, bien que
très importantes (notamment les mosaïques trouvées
à Aix), sont actuellement stockées dans des
réserves.
Cette situation nous paraît inacceptable.
5.2. Il faut créer un musée celto-ligure
Il est donc devenu urgent de créer un musée pour
Entremont. Mais la question s’est récemment un peu
compliquée. Voici les données du problème.
5.2.1. Un musée celto-ligure à Entremont ?
On sait que les musées implantés sur les sites
eux-mêmes sont bien préférables à cause de
la synergie d’intérêt que génère pour
le public la proximité entre les fouilles et le lieu
d’exposition. C’est pourquoi nous demandions depuis
longtemps la construction d’un musée à
côté de l’oppidum d’Entremont.
Et pour faire d’une pierre deux coups, nous souhaitions que ce
musée ait vocation à recueillir non seulement les objets
d’Entremont mais aussi ceux découverts sur les autres
sites celto-ligures des environs. En effet de nombreuses fouilles,
provoquées par les grands chantiers (autoroutes, TGV) et
l’urbanisation galopante, ont mis au jour une masse
d’objets de la même civilisation, qui sont actuellement
stockés dans de petits dépôts municipaux
dispersés, peu sûrs, difficilement visitables. C’est
un vrai “gaspillage”, auquel mettrait fin une concentration
dans un seul établissement.
Nous pensions aussi que ce musée devait comporter en annexe un
laboratoire et un dépôt de fouilles réservés
à la civilisation celto-ligure, assez vastes, modernes et
performants pour satisfaire les besoins des scientifiques et des
étudiants pour quelques décennies. Cet équipement
n’existe nulle part à l’heure actuelle, alors que,
par exemple, un des plus grands musées européens de
préhistoire a été ouvert à Quinson (Alpes
de Haute Provence).
C’est pourquoi nous avions repéré un terrain
disponible, en friche depuis très longtemps, de plus d’un
hectare, appartenant à un particulier et situé entre
l’oppidum et la RN 296, dans une zone non constructible sauf pour
des équipements culturels (donc à un prix raisonnable).
Et nous avions demandé que l’État ou les
collectivités locales s’en assurent la
propriété au plus vite.
5.2.2. Un grand musée archéologique du Pays d’Aix
Mais la restructuration du musée Granet, qui ne veut plus de son
fonds archéologique, a modifié la donne. Le Pays
d’Aix a désormais besoin, en plus d’un musée
celto-ligure, d’un autre musée archéologique pour
les civilisations égyptienne, grecque, romaine et gallo-romaine.
Faut-il alors construire deux musées, l’un à
Entremont, l’autre à Aix ? Cela paraît bien
lourd pour les finances locales et peut-être même
discutable d’un point de vue touristique. Faut-il créer un
seul grand musée général à Entremont,
regroupant la civilisation celto-ligure et les autres ? On aurait
peut-être pu l’envisager avant la découverte du
théâtre romain d’Aix au quartier de la Seds en 2004.
Mais désormais, il semble plus réaliste de créer
ce grand musée archéologique général (avec
un département celto-ligure) à proximité de ce
théâtre. Et c’est donc ce que nous demandons, en
souhaitant sa réalisation la plus prochaine possible.
Quant à l’oppidum d’Entremont, il pourrait voir son
attrait renforcé d’une part par les aménagements
mentionnés ci-dessus, § 4.2, d’autre part par la
création d’un parc archéologique dont nous exposons
les grandes lignes ci-après.
6. Création d’un parc touristique à caractère
archéologique à côté d’Entremont
6.1. Le principe des parcs archéologiques en France
Tout d’abord, pour éviter tout malentendu,
précisons que ce à quoi nous faisons ici allusion
n’a rien à voir avec les parcs de loisir du type Parc Astérix au nord de Paris. Ce que nous proposons est un aménagement
culturel scientifique.
L’idée de présenter au public, dans des parcs
spécialement aménagés, des reconstitutions de
sites et vestiges archéologiques dans un but touristique et
pédagogique est apparue en Europe dans les années 1950 .
En France, le plus connu est peut-être l’Archéodrome,
situé au bord de l’autoroute A6, en Côte-d’Or; mais
il y en a bien d’autres.
6.2. Nos propositions pour Entremont
Il y a actuellement très peu de parcs archéologiques de
ce type dans le sud-est de la France. Il n’y a donc pas de
saturation. Toutefois, la civilisation romaine est déjà
très bien représentée en Provence par des sites
majeurs comme Fréjus, Arles, Orange, Vaison-la-Romaine, etc. Ce
“créneau” chronologique est donc à
éviter.
En revanche, les civilisations mégalithique, chalcolithique, des
âges du bronze et du fer dans les régions
méditerranéennes de la France (grosso modo les trois
derniers millénaires avant J-C) sont encore mal connues du
public.
Ce parc serait donc consacré à cette période, en
couvrant une zone allant des Pyrénées aux Alpes et en
Corse. Il s’agirait d’y installer, dans un cadre de
verdure, des reconstitutions des éléments les plus forts
de ces civilisations (nous avons déjà quelques
idées sur les choix à faire). Ce serait une
“vitrine” qui, d’une part, aurait sa valeur
documentaire en soi, et d’autre part inciterait les visiteurs
à aller voir les originaux dans leurs régions
respectives. Ainsi toutes les régions seraient gagnantes.
La présence, à côté de ce parc, du site
authentique d’Entremont (âge du fer) créerait un
pôle d’intérêt très efficace. De plus,
on pourrait y adjoindre des ateliers pratiques éducatifs pour
les scolaires. Enfin, la proximité d’une autoroute
rendrait l’accès facile sur le plan régional.
Pour réaliser ce parc de reconstitutions, il faut du terrain. Il
est donc nécessaire que les collectivités locales
acquièrent par expropriation amiable les terres agricoles non
constructibles qui se trouvent entre l’oppidum et la RN 296. Il y
a là environ cinq hectares, où la ZPPAUP
d’Entremont permet des aménagements culturels.
Nous savons bien qu’une telle réalisation est
coûteuse, aussi la proposons-nous seulement après les
trois priorités précédentes. Il est toutefois
essentiel d’acquérir rapidement les terrains
nécessaires pour préserver la possibilité de cette
réalisation qui serait un atout supplémentaire du
tourisme en Pays d’Aix.
C'est au début des années 1990 que nous avions
proposé pour la première fois cette idée de parc
archéologique à la municipalité aixoise, sans
succès. Nous pensons pourtant qu'elle mérite
réflexion.
********
Complément d'information
Se fondant sur la loi de décentralisation du
13 août 2004 relative aux libertés et
responsabilités locales, notre association avait proposé,
il y a quelques années, que le site d'Entremont, actuellement
propriété de l'État, soit transféré
à la région PACA qui, à notre avis, pouvait se
montrer plus active dans la mise en valeur de l'oppidum. Mais c'est
impossible : il n’est pas inscrit dans la liste des monuments
historiques classés transférables à une
collectivité territoriale (liste publiée en annexe du
décret n° 2005-836 du 20 juillet 2005). Motif : «
réserve archéologique ; site d’intérêt
national ».
Nous avons
alors demandé si, dans le cadre d'une convention, l'État
ne pourrait pas, sous certaines conditions, se dessaisir au moins de la
gestion touristique du site au profit d'une collectivité
territoriale : Communauté du Pays d'Aix ou département
des Bouches-du-Rhône ou région PACA. Cette démarche
n'a pas abouti.
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